L' église paroissiale St Stephan (St Etienne) à Mulhouse.

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Ier lieu de culte à Mulhouse en ville haute sous la domination de l’abbaye St Etienne de Strasbourg, avec organisation paroissiale  présidée par un Evêque. Eglise domaniale (Eingenkirche) fondée et entretenue par St Etienne et placée sous le vocable de St Etienne (St Stephan). Avant le milieu du XIe siècle : domaine seigneurial de l’Evêque pour la première église.

Frederik Barberousse en 1153 comme roi et en 1186 comme empereur et, depuis 1178 comme roi de Bourgogne a fait des séjours à Mulhouse (ville étape entre ses possessions bourguignonnes, son patrimoine Souabe et sa ville de résidence favorite en Alsace : Haguenau.

La cité marchande fut fondée entre 1160 et 1180 sur des alleux que l’empereur possédait à Mulhouse, jouxtant le domaine épiscopal.

Cette cité comprenait une nouvelle église financée par l’empereur dont le Ier chapelain fut  certainement M° Daniel,  son chapelain, originaire de Bourgogne ou de Franche-Comté, à l’occasion de la consécration de la nouvelle église dédiée, elle aussi, comme la première, à St Etienne, vers 1187. Probablement située place du marché (actuellement place de la Réunion) construite entre 1175 et 1200. Présence simultanée de l’Empereur et des Evêques de Strasbourg et de Bâle, le 27 Août 1186. Il y a probablement eu un transfert  du caractère de l’église paroissiale et du siège, de l’ancienne à la nouvelle église, vocable inclus.

Après la mort de Frédéric Barberousse et de son successeur et fils Henri VI, les Evêques de Strasbourg  reprirent par les armes les possessions des Hohenstaufen en Alsace, dont Mulhouse. Ce n’est qu’en 1236 que le nouvel Empereur Frédéric II récupéra légalement Mulhouse déjà reprise par les armes en 1222, permettant un développement important de la ville.

Les Cisterciens de l’abbaye de Lucelle créeront une procure en 1224. Les chevaliers de l’ordre Teutonique fondèrent  leur commanderie vers 1230 et ceux de St jean de Jérusalem (chevaliers de Malte) vers la même époque.

La paroisse de Mulhouse faisait partie du diocèse de Bâle et par lui de l’archevêché de Besançon. Les limites débordaient le domaine seigneurial pour s’étendre entre autre à Riedisheim dont l’église Ste Affre était desservie directement  par Mulhouse jusqu’à la Réforme. Il est intéressant de noter que la paroisse de Mulhouse était rattachée au (décanat) doyenné "Inter colles". Ce chapitre rural "entre les collines" comprenait une quarantaine de paroisses rurales entre Mulhouse et Huningue, Mulhouse étant la seule paroisse urbaine.

A la mort de Frédéric II en 1250 et de son fils et successeur Conrad en 1254, le fief de Mulhouse tomba en déshérence par absence de descendance mâle. L’évêque  de Strasbourg s’en empara vers 1255. Le pacte conclu par son prédécesseur fut rompu par Walter de Geroldseck qui offensa et opprima les bourgeois. Ceux-ci firent alliance avec  le comte Rodolphe de Habsbourg dont les troupes mirent fin à la domination épiscopale. Les bourgeois prêtèrent alors serment de fidélité et obéissance à Rodolphe en sa qualité de Landgrave de Haute Alsace, représentant l’Empereur, permettant ainsi à le ville de redevenir royale.

Par une embrouille passant par l’évêque de Bâle, l’évêque de Strasbourg s’arrangea pour que le Prévôt et le conseil de la ville soient excommuniés le 15 Mars 1265.

Les excommuniés firent appel au Pape Clément IV qui fit lever la sentence le 13 Mai 1265.

L’évêque de Bâle, à nouveau en bons termes avec Rodolphe de Habsbourg, n’insista pas !

L’évêque de Strasbourg, furieux de l’indulgence de celui de Bâle, fit intervenir celui de Besançon qui fit pression sur celui de Bâle pour confirmer l’excommunication le 11 Avril  1266, incluant cette fois tous les habitants de la ville !

Après de nombreux procès, ce ne fut qu’en 1273 que les bourgeois de Mulhouse obtinrent l’absolution après une nouvelle réconciliation de Rodolphe avec l’Evêque dont il assiégeât la ville… Entre-temps les deux Evêques essayèrent de s’emparer de la ville, mais sans résultats.

Du fait des excommunications, toute vie religieuse catholique avait cessé à Mulhouse pendant 7 ans, par le clergé régulier. Heureusement les  ordres religieux étaient présents. L’interdit ne les concernant pas, le clergé séculier pouvait servir les messes pour les habitants pendant toute cette période.

De 1200 à 1350, la paroisse, l’église et la chapelle relèvent, au spirituel, du diocèse de Bâle dépendant de l’archevêché de Besançon. Le roi détenait le droit de patronage ou de collection. Depuis Henri VII, suite à un traité signé le 28 Novembre 1308 avec l’évêque de Strasbourg, en échange d’autres concessions, le roi avait la ville de Mulhouse avec tous ses droits et appartenances, en toute propriété et à titre définitif. L’évêque de Strasbourg éliminé, le droit d’investiture restait à l’évêque de Bâle.

L’empire conserva le patronage de l’église de Mulhouse jusqu’en  1349 quand Charles IV en fit don à  l’ordre des chevaliers Teutoniques dont dépend celle de Riedisheim. L’ordre conserva ce droit jusqu’en 1527, date de la vente du droit de patronage aux autorités de la ville devenue Réformée, mais en conservant Riedisheim toujours catholique.

Entre 1297 et 1332, il y avait plusieurs autels majeurs et au moins 2 autels mineurs. Vers 1300, le clergé de St Etienne se composait du curé administrateur et de ses deux aides, desservant du maître-autel dédié à St Etienne, ainsi que le 7 chapelains desservant les 7 autels dédiés à St Pierre et St Paul, au St Esprit, à la Ste Croix, à la Ste Vierge, à St Jean l’évangéliste, à St Nicolas et à Ste Catherine et tous érigés dans l’Eglise St Etienne. A ces 7 chapelains s’ajoutaient ceux qui desservaient les chapelles paroissiales : N.D. avec 3 autels – Catherine hors-les murs (la léproserie) -  St Esprit (l'hôpital), soit 12 au total. A ces 12 + 3 (curé + aide +chapelain) s’ajoutent le sacristain, le maître d’école, le procureur de la fabrique et le maître d’œuvre (ces deux derniers probablement laïcs) Les nominations étaient faites par le vicaire général de l’Evêque de Bâle. Le collateur est pratiquement toujours nommé par l’ordre Teutonique qui propose ses candidats.

La première mention de la fabrique de l’église date du 31 janvier 1298.

Passage de la cure d’un prêtre séculier à un prêtre régulier, un frère de l’ordre Teutonique après 1332. L’ordre, dans l’empire, soutenait l’Empereur contre le Pape, ce qui expliquait pourquoi celui-ci en avait nommé un à Mulhouse pour contrecarrer les effets des excommunications  par la continuation des offices divins  Charles IV non seulement conféra à l’ordre des Chevaliers Teutoniques (pas à la commanderie de Mulhouse) le rectorat, mais aussi le droit de collation ou de patronage qui lui appartenait en sa qualité de roi en 1349. 

Le passage du patronage à la commanderie Teutonique mit fin aux rivalités entre le clergé et les ordres. Aucun conflit n'est signalé bien que le prosélytisme continuait à être pratiqué par les deux parties.

Les Franciscains prirent de plus en plus d'importance au dépens des Augustins.

L'église paroissiale, pendant la deuxième moitié du XIV e siècle connut un développement encore plus important que pendant la première moitié, grâce à la politique menée par les autorités de la ville pour favoriser la paroisse.

La générosité des paroissiens se manifesta par des fondations et donations, l'érection et la donation de nouveaux autels, fondation de seconde prébendes pour les autels existants, institution de vigiles des morts etc. et donations en faveur de la fabrique..

On peut citer en 1351 la consécration du choeur et maître-autel de la chapelle Ste Catherine de la léproserie. Toujours en 1351, consécration à St Etienne de l'autel dédié à St Jacques, Ste Elisabeth et aux onze mille Vierges. En 1359, une prébende fut instituée en faveur  de l'autel de la Ste Trinité nouvellement érigé à St Etienne. Vers 1370, l'autel des  Trois-Rois fut érigé à St Etienne, doté de deux prébendes.  En 1396, consécration de la chapelle St Nicolas située hors les murs de la ville, à côté du nouveau pont sur le Steinbächlein, devant la porte haute.

Bien qu'un réel déclin de la foi et de ses signes extérieurs se développe fortement après 1400, les fondations continuent avec en 1419 l'autel de St Erard et St Léonard à St Etienne. En 1420, St Etienne comprenait, en plus du maître-autel desservi par le curé et ses deux aides, onze autels dont cinq avec deux prébendes, les quatre chapelles rattachées à la paroisse (Notre Dame, Ste Catherine, St Esprit et St Nicolas) comprenaient six chapelles et six prébendes dont trois relevaient de la chapelle Notre-Dame. S'ajoute d'autres fondations dont les Vigiles célébrés en commun par tous les clercs séculiers de la paroisse.

Le 27 avril 1428, compte tenu de la diminution des revenus des prébendes par la baisse de la foi et de la fréquentation, le bourgmestre et le conseil, avec l'accord de l'évêque, et le détenteur du patronage (les Teutoniques) réduisirent le nombre de prébendes le l'église paroissiale de 16 à onze par la suppression des deuxièmes prébendes.. Les trois chapelleries de Notre Dame furent réduites à deux et les chapelleries de Ste Catherine (la léproserie) et du St Esprit (l'hôpital) furent réunies. Cette mesure permit d'améliorer le revenu des autres.

Un candidat agréé à une prébende devait être prêtre. S'il était diacre ou sous diacre, il devait être ordonné très rapidement. La même règle s'applique aux acolytes .Un candidat agréé devait signer des lettres de reversales (revers) l'engageant à restituer au collateur le pécule de la prébende et de remplir son rôle consciencieusement.

Les prébendiers bénéficiaient  des revenus provenant des rentes et arrérages en argent et en nature de la dot primitive de la prébende, de leur part aux célébrations d'anniversaires, de vigiles, de casuels, d'indemnités pour la gérance d'un fonds, le remplacement et ou assistance à des confrères des environs, de l'usufruit et usage de la maison prébendiale quand il y en avait une. Les activités accessoires étaient une autre source de revenu possible: calligraphe et ou miniaturiste, relieur, facteur d'orgue, écrivain public, organiste suppléant et maître de latin dans l'école latine. Certains essayaient de cumuler illégalement en desservant, en plus, une paroisse de campagne. Les règlements de 1434,1449 et 1509 essayèrent de limiter les abus de tous ordres. La liste des amendes fréquentes infligées par l'évêque a ses clercs concerne principalement des délits de concubinage, de fornication, de coups et blessures et autres délits souvent bien plus graves.

Vers la fin du XV e siècle et surtout au début du XVI e les plaintes contre les chapelains pour malversations financières et surtout pour refus de s'installer ou rester à Mulhouse où ils avaient obtenu une prébende pour pouvoir en solliciter d'autres ailleurs furent fréquentes. En 1437, après l'acquisition de la seigneurie d'Illsach par la ville de Mulhouse, le curé de l'église St Jean d'Illsach relèvera du bourgmestre et du conseil de la ville et restera indépendant du curé de Mulhouse.

En 1440, fondation d'une chapelle sur l'ossuaire (uff dem gerner) situé derrière St Etienne, côté nord (place Lambert) relevant du bourgmestre.

La chapelle St Nicolas hors-les-murs  détruite par les Armagnacs en 1444 fut reconstruite en centre ville et consacrée en 1458.

Il est intéressant de signaler que la coutume de l'Angélus remonte à 1481 dans le diocèse de Bâle par un mandement accordant des indulgences à tous les fidèles récitant un Ave Maria à la sonnerie matinale et vespérale des cloches.

En 1554, l'église St Etienne fut dotée d'un nouvel autel consacré à St Béat avec  St jacques le Majeur et St Sébastien comme vocables secondaires.

Pour terminer, on peut préciser que l'église St Etienne  construite dans le dernier quart du XII e subit une première transformation au milieu du XIV e par l'agrandissement considérable du choeur surélevé et reconstruit en style gothique, aux magnifiques vitraux encore visibles aujourd'hui La mise en harmonie de la nef  avec le choeur beaucoup plus élevé a probablement été réalisée entre 1375 et 1425. Vers 1450, seuls la tour et les deux bas-côtés de l'église d'origine subsistaient encore. Leur transformation s'accéléra  vers 1500. Les collatéraux furent achevés en 1504. Le tout fut remaniée aussi en 1504. Jusqu'en 1510, de nombreuses oeuvres artistiques furent ajoutées à l'intérieur.

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